Les risques cardiovasculaires de la pilule contraceptive ont été mis au jour peu après leur introduction sur le marché, au début des années 1960. Mais la réduction de la dose d'oestrogènes a par la suite permis de diminuer la fréquence des complications arté-rielles ischémiques ainsi que le risque de TEV. Les COC de première génération, avec 0 50 µg d'oestrogènes, sont encore utilisés aujourd'hui, par exemple en association avec des inducteurs enzymatiques. Les COC récents contiennent moins de 50 µg d'oestrogènes (micropilules) et sont classés en fonction de leurs composants progestatifs: les COC de 2 ème géné-ration contiennent du lévonorgestrel, ceux de 3 ème génération du désogestrel ou du gestodène. Quant aux «COC antiandrogéniques», ils contiennent les nouveaux progestatifs que sont le chlormadinone et la drospirénone ou l'acétate de cyprotérone, utilisé depuis très longtemps. Enfin, les «minipilules» ont pour seul principe actif un composant progestatif.En 1995/1996, trois nouvelles études épidémio-logiques ([1, 2, 3]) ont montré que le risque de TEV dépend non seulement de la dose d'oestrogène, mais également du composant progestatif. Par ailleurs, les COC de 3 ème génération, qui étaient à l'époque nouveaux, sont associés à un risque de TEV plus élevé que lespilules plus anciennes de 2 ème génération. Bien que rare, la survenue d'une TEV, effet indésirable potentiellement mortel, a alors fait l'objet de débats nourris dans les médias («pill scare») et les mises en garde énoncées dans l'information destinées aux patients et dans l'information professionnelle ont été élargies. Depuis 1998, des publications ont régulièrement rappelé le risque accru de TEV chez les patientes qui prennent des COC de 3 ème génération et chez les nouvelles utilisatrices de COC [4, 5, 6]. Enfin, plusieurs études d'observation ont confirmé que le taux de thromboembolies avec les COC de la 3 ème génération est augmenté d'un facteur 1,5 à 2 [7].
Thromboembolies veineusesLes TEV se manifestent principalement sous deux formes: la thrombose veineuse profonde des membres inférieurs ou du bassin (TVP), associée ou non à une emboliepulmonaire. Le risque de TEV augmente avec l'âge et est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Par ailleurs, dans 1à2%des cas, les TEV ont une issue fatale. Les principaux facteurs de risque dans la population générale sont (a) une hospitalisation prolongée / opération, (b) l'existence d'une maladie maligne, (c) une infection et (d) la pose d'un cathéter veineux central [8]. Les études d'observation ont en outre montré que l'incidence annoncée des TEV dé-pend grandement de la précision du diagnostic et varie donc d'une étude à une autre [9]. En effet, à la phlébographie couramment pratiquée par le passé, on préfère aujourd'hui l'échographie pour diagnostiquer la TVP et la tomographie assistée par ordinateur pour l'embolie pulmonaire. Malgré des techniques diagnostiques plus fines, le recensement depuis plus de dix ans de l'incidence des TEV dans douze hôpi-taux (Worcester, Etats-Unis) n'a pas mis en é...