Cet article propose une réflexion sur la façon dont les projets qui nous ont financés ont influencé nos pratiques et certains de nos questionnements, sur la thématique de l’alerte à la population en France. Deux questions sont posées : est-ce que sans ces financements nous aurions mené différemment nos travaux, et jusqu’à quel point les orientations de recherche ont été conditionnées par les appels à projets ? Les réponses sont ambivalentes mais riches d’enseignements. D’un côté, les financements ont permis d’affirmer notre positionnement, pour souligner toute l’importance d’une lecture territorialisée, systémique et interdisciplinaire de l’alerte, et d’élargir la focale par une meilleure prise en compte des besoins utilisateurs. D’un autre côté, nos recherches se sont confrontées à la réalité opérationnelle et à des prises de décisions politiques, qui ont contraint certains questionnements et qui nous ont obligés à adopter une position d’expertise et de médiation, allant parfois au détriment de la production de savoirs. L’enjeu pour nos futures recherches est désormais de trouver le juste milieu entre l’accompagnement des opérationnels et les réponses aux questions épistémologiques que notre courant de recherche fait émerger.