Fondé sur trente entretiens qualitatifs approfondis conduits avec un échantillon diversifié de militantes féministes actives en ligne, le présent article étudie leur perception de l’activisme et de l’influence. Une dimension qui ressort ici repose sur la distinction établie entre les deux. Alors que l’influence est perçue comme une pratique uniquement animée par des intérêts marchands et fondée sur des activités en ligne monétisées, l’activisme est entendu comme une pratique fondée sur le changement social et dénuée de motivations lucratives. Premièrement, cet article avance que le discours des enquêtées sur la dichotomie influenceur·euse/activiste, ainsi que le fait qu’elles attribuent les pratiques de monétisation uniquement aux influenceur·euse·s, font peu cas de l’emprise des logiques marchandes sur les formes contemporaines du militantisme à l’ère de l’économie numérique. Deuxièmement, il étudie l’idéal d’un activisme pur, détaché de toute logique de profit. Il replace cet idéal dans le contexte plus large d’une culture qui, exclusive, valorise une perfection souvent associée au féminin. Enfin, il remet en question la perception de l’influence souvent perçue comme une activité féminine et superficielle et, ce faisant, met en garde contre les discours qui, dénués d’esprit critique, la considèrent comme une activité non légitime.