Nous examinons ici les problèmes que pose la reconstitution des profils matériels des premières générations d’ apoikoi , lorsqu’on adopte une perspective identitaire. À partir des données archéologiques de Sicile orientale, il s’agit de déterminer si des vaisselles différentes étaient utilisées d’une communauté à l’autre et si ces usages permettent de confirmer, d’infirmer ou de relativiser les éléments considérés comme acquis à propos des identités collectives et de l’ethnicité des populations concernées par la « colonisation grecque ». L’imbrication des multiples stratégies de distinction, les particularités de l’économie antique et des échanges dans le contexte de l’essaimage des apoikiai , sont autant de biais, mais aussi de points d’appui, pour aborder ces questions. Finalement, nous suggérons que c’est la référence aux métropoles qui aurait été construite graduellement ; le caractère mixte de la culture matérielle ne serait pas second, ni tardif et issu d’un « métissage par contact », mais originel et fondamental.