Dans la Russie des années 2000-2020, les élites politiques et ecclésiastiques ont construit un agenda commun de défense de la famille au nom des valeurs traditionnelles. Les relations entre l’État et l’Église relèvent néanmoins d’une ambiguïté due à des divergences dans les objectifs. De fait, les valeurs dites traditionnelles restent floues et font l’objet de débats au sein de l’Église orthodoxe russe et des élites politiques. Ceci s’observe notamment dans la question des violences domestiques à laquelle cette étude s’intéresse plus particulièrement. Cette recherche, fondée sur des textes politiques et ecclésiastiques mais aussi sur des entretiens ef-fectués auprès de prêtres, croyants ordinaires, psychologues orthodoxes et responsables dans des associations séculières entre 2017 et 2019, montre que les discours sur les valeurs traditionnelles contribuent certes à l’ancrage de la société dans une tradition distinguent souvent nettement, anti-occidentale, mais que les pratiques s’en distinguent souvent nettement.