septembre rclc 0319-051x/16/43.3/414 © Canadian Comparative Literature Association Cette étude examine un exemple paradigmatique d'une critique de la colonialité du pouvoir à partir d'une position intellectuelle qui vise à transcender la tradition nationale du fait intellectuel. L'écrivain et penseur originaire de Martinique, Édouard Glissant, nous servira de point de départ ; dès lors, il s'agira de montrer comment sont articulées et discutées les questions relatives à la colonialité (ou aliénation), à la subjectivité, à l'altérité dans son rapport à l'histoire des Antilles. Comment l'auteur de L'Intention poétique parvient à construire un discours littéraire et une pensée philosophique qui se posent en cadre alternatif et distinctif dans le monde intellectuel français et de la diaspora afrodescendante. On pourrait parler de « pensée alternative » parce qu'elle tend à s'écarter de la colonialité du pouvoir (ou l'aliénation) d'une part, et qu'elle s'insère dans une temporalité (ou moment) favorable, ce qui l'amène à modifier ce qui est déterminant dans le champ des discours sur les Antilles. Pour ce faire, Glissant propose ce qu'il appelle la « Relation » qui est un cadre large pour repenser la « globalisation. » De là, l'hypothèse suivante : le discours alternatif en question proposé par Glissant tente de déconstruire l'eurocentrisme dans la manière de penser le rapport à la subjectivité (ou identité) et à l'aliénation. Celle-ci peut s'entendre comme une des puissances de la colonialité du pouvoir dont la force de structuration reste son internalisation par les agents, de sorte qu'elle leur apparaît comme une essence naturelle ; ceux-ci seraient ainsi aliénés (Marx et Engels 319-20) parce que plus encore gouvernés par quelque chose qui puise son principe en dehors d'eux. Deux points forts appuient l'hypothèse susmentionnée. Primo, les données d'histoire de la pensée : l'écart par rapport à l'existentialisme et au structuralisme ; secundo, la correspondance entre ces déterminations externes et la lecture de deux textes romanesques d'Édouard Glissant, à savoir Le Quatrième siècle (1964) et Malemort (1975), illustratifs de ce dis