Les travaux sur les rapports ambigus qu’ont toujours entretenus la psychanalyse et l’hypnose sont nombreux. Nous proposons ici de nous pencher sur ce que la notion de libido peut nous enseigner à propos du phénomène d’influence hypnotique : quel désir trouve à se satisfaire dans l’abandon du sujet à la volonté de l’hypnotiseur ? Les considérations de Freud relatives à l’hypnose et à la suggestion ont très peu varié, tout au long de son œuvre : soulignant volontiers le caractère mystérieux du phénomène hypnotique, il pose les jalons d’une compréhension de l’influence hypnotique comme satisfaction indirecte d’une pulsion sexuelle à but passif, qui plonge ses racines dans l’archaïque relation de soumission au père de la horde primitive. Freud relève ainsi le caractère masochiste du lien à l’hypnotiseur. Nous proposons de faire un pas de plus, en considérant que le ressort de la suggestion hypnotique repose sur une composante sexuelle passive génitalisée, qui trouve dans l’abandon aux injonctions de l’hypnotiseur le même type de satisfaction que dans l’abandon de la femme à l’activité de l’homme dans le coït.