Afin de déterminer l'évolution qualitative et quantitative des références critiques (rCr) et non critiques (rNCr) dans le discours médical du XIXe et du XXe siècle écrit en anglais, nous avons analysé un corpus de 90 articles médicaux publiés entre 1810 et 1995. Les résultats quantitatifs globaux indiquent que les rNCr sont significativement plus fréquentes que les rCr (p=.0001) mais que, lorsque le corpus est analysé de façon diachronique, celui-ci peut être divisé en deux blocs très distincts : A (1810-1929) et B (1930-1995). La proportion rNCr/rCr reste constante pendant les 120 premières années étudiées, mais change radicalement à partir des années 1930. Nos données qualitatives montrent que les rCr du XIXe siècle sont formulées d'une façon beaucoup plus directe, personnelle et « responsable » que celles du XXe siècle. L'évolution constatée du ton des rCr reflète l'évolution d'une médecine individuelle et anecdotique vers une médecine professionnelle et compétitive, où les scientifiques sentent le besoin impérieux de « sauver leur propre face » ainsi que celle de leurs opposants.