Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme en France. Les traitements systémiques (chimiothérapie, hormonothérapie, théra-pies moléculaires ciblées) censés éradiquer la maladie métastatique clinique ou infra-clinique, sont délivrés en fonction de facteurs pronostiques et prédictifs de la réponse thérapeutique. Malheureusement, ceux-ci rendent insuffisamment compte de l'hétérogénéité évolutive de la maladie, conduisant trop souvent à des traitements inadaptés. Cette inadaptation coïncidant avec la disponibilité croissante de nouvelles drogues anti-cancéreu-ses, il est crucial d'améliorer la classification pronostique pour affiner les indications thérapeutiques et améliorer la survie. Le développement de thérapies moléculaires ciblées comme le trastuzumab (Herceptine ® ), anticorps monoclonal ciblant ERBB2 surexprimé dans ~20 % des cancers du sein, est un autre enjeu majeur [48]. Face aux limites des approches classiques, les espoirs se sont tournés vers une caractérisation moléculaire globale, détaillée et objective de la maladie à l'aide des analyses à haut débit, notamment l'analyse du transcriptome sur puces à ADN [1]. Établis en parallèle pour plusieurs tumeurs, les portraits moléculaires transcriptionnels sont comparés à l'aide d'outils bio-informatiques puissants. On peut distinguer deux approches d'analyse des données qui se sont succédées dans le temps. L'approche « différentielle », la plus ancienne mais encore d'actualité, consiste à établir une liste de gènes diffé-rentiellement exprimés entre deux conditions. L'approche « profils d'expression » cherche à identifier une signature moléculaire multigénique dont l'expression combinée est caractéristique d'une classe pertinente d'échantillons (survie, réponse thérapeutique par exemple). Cette approche peut se faire de façon non supervisée ou supervisée. Les applications potentielles en cancérologie sont multiples [2]. Plusieurs publications suggèrent un impact pronostique dans le cancer du sein.
Taxonomie moléculaire pronostique : approches non superviséesLes analyses non supervisées, clustering ou classification hiérarchique par exemple, définissent des classes > L'hétérogénéité histologique et clinique du cancer du sein, en partie responsable des échecs thérapeutiques, reflète sa nature moléculaire complexe et combinatoire jusqu'à présent mal documentée par les outils classiques de biologie. Une caractérisation moléculaire approfondie est indispensable. L'avènement des puces à ADN a permis de progresser dans ce sens. Une nouvelle classification moléculaire du cancer du sein a été définie, des signatures pronostiques ou prédicti-ves de la réponse thérapeutique ont été identifiées, dont certaines sont actuellement en phase ultime de validation dans des essais cliniques prospectifs. Nous présentons dans cet article les principaux résultats publiés et leurs applications cliniques potentielles. Nous discutons leurs limites actuelles et retombées futures dans la prise en charge thérapeutique des patientes. <