La déforestation évitée faisait partie des thèmes abordés lors de la réunion de la Convention-cadre sur les changements climatiques, qui s'est tenue à Bali en décembre 2007 pour préparer la période de l'après-Kyoto. La mise sur agenda de ce thème correspond peut-être à un tournant dans les négociations sur le changement climatique, au sein desquelles la question de la conservation des forêts tropicales, non admise au titre du mécanisme de développement propre (MDP) en 2000-2001, revient sur la table. Et, cette fois, c'est à la demande des pays en développement, et non plus par le biais de projets mais à travers des objectifs nationaux. Tout ceci pourrait marquer une nouvelle phase de la participation des pays du Sud aux négociations, ce qu'évoquent également l'éditorial de ce numéro et la « libre opinion » de Michel Damian.
La RédactionMots-clés : changement climatique ; déforestation évitée ; déforestation tropicale ; incitations économiques ; additionnalité Résumé -Dans la perspective de l'après-Kyoto, de nombreuses propositions ont été formulées pour la mise en place d'un mécanisme multilatéral permettant de récompenser par des actifs monnayables les réductions d'émissions de gaz à effet de serre provenant de la déforestation. Mesurer ces réductions en termes de « déforestation évitée » conduit à identifier trois problèmes récurrents : la légitimité de l'extrapolation à partir de tendances historiques ; la capacité d'estimation des scénarios de référence de type prédictif ; enfin, la possibilité réelle d'imputer à différentes politiques publiques la baisse du taux de déforestation et, plus encore, d'en mesurer l'effet net. Le risque est réel pour qu'un tel mécanisme soit fortement générateur de réductions fictives d'émissions. Il semble plus avisé de renforcer les instruments multi-et bilatéraux existants, et de viser la suppression des « incitations perverses » à la déforestation dans les politiques publiques des pays tropicaux.