Dans les typologies de fusion, l’intégration symbiotique est considérée comme à la fois comme la plus optimale et la plus difficile à atteindre. Pour mieux comprendre comment les entreprises parviennent à favoriser les synergies, nous proposons une vision processuelle prenant en compte les dynamiques intergroupes en nous focalisant sur les minorités actives, telles que Moscovici (1996) les définit en psychologie sociale. Dans cet article, nous abordons l’acquéreur et l’entité acquise comme une majorité et une minorité plus ou moins actives. Les leviers de synergie, ainsi que le rôle et la contribution spécifiques de chacune des parties, ont été également explorés. Pour cela, nous avons mené une étude longitudinale pendant deux ans d’une fusion/acquisition réalisée dans le domaine du développement urbain. Les données ont été collectées au moyen d’entretiens semi-directifs, d’une observation non participante et de données secondaires. Nous montrons que l’intégration symbiotique n’est pas basée sur une approche volontariste de l’acquéreur mais dépend de l’émergence d’une nouvelle situation dans laquelle les membres de l’entité acquise disposeront d’une liberté d’action. Il en ressort que le processus symbiotique ne peut avoir lieu que lorsque l’acquéreur renonce au contrôle de la réalisation des objectifs. L’entité acquise peut alors passer d’une logique de conformité aux normes majoritaires de l’acquéreur, à une démarche d’innovation minoritaire permettant de mobiliser les compétences nécessaires à l’atteinte des objectifs de la nouvelle composante.