Revenant sur le contexte de création de nombreux groupes de danse au sein d’associations cambodgiennes de France dès 1976, l’article questionne la variabilité des enjeux attachés à la transmission des danses cambodgiennes en France, en particulier celles à vocation scéniques dites « classique » (ou « royale ») et « folklorique ». Au fil du temps, la pertinence des groupes de danse apparaît variable en fonction de leur contexte de création et d’évolution ou encore en fonction de la nature de leur lien avec le pays d’origine. Du point de vue des apprenants d’origine cambodgienne, elle peut renvoyer, de manière plus ou moins prégnante, à la recherche et à l’affirmation d’une identité positive et à la volonté de maîtriser des techniques corporelles rigoureuses. Ainsi, l’apprentissage des danses scéniques cambodgiennes en France s’accompagne-t-il de façon plus ou moins prononcée de l’acquisition de diverses compétences et de valeurs, dont certaines s’inscrivent dans les corps. Outre des motivations liées à une quête identitaire personnelle ou à la volonté de maîtriser un art aujourd’hui valorisé sur la scène internationale, certaines élèves apprenant la danse classique se voient investies par leurs professeures d’un rôle dans sa préservation à une échelle qui dépasse le cadre national français. Par extension, et via la mise en place de liens entre danseuses professionnelles basées à Phnom Penh et troupes basées à Paris, les corps de jeunes danseuses classiques françaises d’origine cambodgienne prennent aujourd’hui place au cœur de stratégies visant à légitimer de nouvelles figures d’autorité dans le domaine de la danse et dans le cadre politique plus large de la monarchie constitutionnelle cambodgienne.