En raison de modifications anatomiques, physiologiques et fonctionnelles des voies urinaires, la grossesse peut être responsable de nombreuses pathologies urologiques s'exprimant parfois dans un contexte d'urgence et dont certaines peuvent menacer le pronostic vital materno-foetal. L'état de grossesse rend le diagnostic souvent plus difficile car de nombreuses investigations, dont certaines radiologiques, sont déconseillées chez la femme enceinte. Les possibilités thérapeutiques sont limitées, de nombreuses molécules ou certaines procédures chirurgicales étant contre-indiquées ou présentant un risque de déclencher le travail ou d'être délétères pour le foetus. Entre le confort de la patiente et le développement normal du foetus, des compromis sont parfois nécessaires. Le rapport bénéfice/ risque doit être particulièrement bien analysé ce qui nécessite une parfaite connaissance des particularités des pathologies urologiques chez la femme enceinte.L'incidence de la lithiase urinaire au cours de la grossesse est de l'ordre de 1/1500. Elle survient préféren-tiellement au deuxième et troisième trimestres, se manifestant surtout par une lombalgie et/ou une hématurie, mais la symptomatologie est parfois trompeuse. Si sept à huit calculs s'éliminent spontanément, un geste urologique est parfois nécessaire, l'attitude classique étant d'assurer, par un cathéter double J ou une néphrostomie percutanée, le libre écoulement des urines, le traitement définitif du calcul étant réalisé après l'accouchement.Les infections urinaires sont fréquentes au cours de la grossesse et peuvent se présenter sous trois aspects : bactériurie asymptomatique, cystite aiguë, pyélonéphrite aiguë. Une bactériurie non traitée induit un risque de pyélonéphrite de 20 à 50 %. Entre traitement minute et traitement classique de sept jours, il n'existe pas de consensus sur la durée optimale de traitement d'une cystite aiguë. La pyélonéphrite nécessite une antibiothérapie (souvent une céphalosporine de troisième génération) de 10 à 14 jours. Le risque de récidive d'infection urinaire nécessite une surveillance mensuelle des urines.La rupture rénale spontanée est une complication rare au cours de la grossesse. Elle peut survenir dans trois circonstances : rupture spontanée sans cause, rupture de la voie excrétrice liée à une obstruction, rupture secondaire à une tumeur (angiomyolipome). L'échographie est essentielle au diagnostic. La prise en charge va de la simple surveillance, au drainage des urines et/ou de la collection périrénale. Le recours à une néphrectomie en urgence est exceptionnel.Le placenta percreta envahissant la vessie est une variante exceptionnelle du placenta accreta. Il est favorisé par l'existence de cicatrices utérines favorisant la pénétra-tion de villosités placentaires dans le myomètre et le détrusor. Une hématurie n'est notée pendant la grossesse qu'une fois sur trois. La cystoscopie est souvent peu contributive. Lorsque ce diagnostic est évoqué, la biopsie endoscopique de la lésion doit absolument être évitée en raison du risque h...