La vaccination a représenté une avancée technologique considérable, que résume la citation de Stanley Plotkin : « The impact of vaccination on the health of the world's people is hard to exagerate. With the exception of safe water, no other modality, not even antibiotics, has had such a major effect on mortality reduction and population growth » [1]. Pourtant, la vaccination est, parmi les techniques médicales, celle qui a suscité le plus de controverses. Elle est également à l'origine de comportements paradoxaux : contraste entre une adhésion très satisfaisante lors d'enquêtes et les difficultés à obtenir des couvertures vaccinales adaptées. Paradoxe d'une demande très forte en cas de menace infectieuse (« pourquoi n'y a-t-il pas de vaccin contre cette maladie ? »), alors que l'acceptabilité est médiocre lorsque ce vaccin existe. Paradoxe entre une demande interventionniste (devant la recrudescence de rougeoles, « pourquoi ce vaccin n'est-il pas obligatoire ? ») et les allégations d'atteinte aux libertés individuelles. Bref, l'adhésion et la résistance aux vaccinations sont liées à des phénomènes complexes et multiformes et les problèmes qu'elles posent ne seront jamais aisés à résoudre.
État actuel de l'opinion vis-à-vis de la vaccination en FranceLe grand public est globalement très en faveur de la vaccination (entre 90 % et 95 %) bien que l'adhésion diminue avec l'âge et soit meilleure chez les hommes que chez les femmes [2]. Toutefois, 5 % à 10 % de la population exprime une opinion non favorable ou réservée vis-à-vis de la vac cination. Ceux-ci peuvent être classés en deux catégories [3]. 1. Les sceptiques : souvent adeptes des médecines alternatives, ils sont en faveur de vaccinations sélec-tives et souhaitent des discussions sur les stratégies vaccinales, l'efficacité des vaccins, leur sécurité, les effets secondaires. > La vaccination est l'objet de controverses malgré son efficacité et bien que la très grande majorité de la population et des professionnels de santé y soit favorable. Il existe en fait des résistances sélectives vis-à-vis de vaccinations contre l'hépatite B, la grippe, le BCG, la coqueluche et la rougeole, qui ont fait l'objet de controverses. Ces dernières, nées avec la vaccination, peuvent avoir diverses origines : effets secondaires réels, plus souvent coïncidence temporelle entre la vaccination et le déclenchement d'une maladie qui apparaît habituellement à l'âge où l'on vaccine. Cette coïncidence peut être anticipée et sa gestion doit être améliorée par une optimisation des systèmes de pharmacovigilance et de la communication à ce propos. Les controverses peuvent aussi être déclenchées par des études scientifiques aisément publiées même lorsqu'elles sont entachées de biais, ou parfois par l'interprétation tendancieuse des interventions des autorités de santé, ou encore par les décisions de justice, difficilement compréhen-sibles pour le public. Tous ces éléments jettent le doute dans les esprits et ne font que conforter les opposants, d'autant que l'exclusion d'un risque est diffici...