RésuméLa vie sexuelle est profondément affectée par la séropositivité. Les 1 712 hommes et femmes hétérosexuels ayant participé à l'enquête Anrs-Vespa réalisée en 2003 ont été répartis par sexe en distinguant les immigrés, les personnes ayant une histoire de consommation de drogue par injection et les autres, français non immigrés et non-usagers de drogue. L'activité sexuelle est réduite par la moindre fréquence des relations de couple dans cette population, les différences entre hommes et femmes portent principalement sur les partenaires occasionnels comme en population générale. Les enjeux importants que constituent la révé-lation de la séropositivité dans le couple et l'utilisation systématique du préservatif apparaissent relativement homogènes entre hommes et femmes et entre groupes. Le maintien du secret envers le partenaire stable est un peu plus rare chez les personnes immigrées, tandis que les femmes consommatrices ou ex-consommatrices de drogue apparaissent les plus en difficulté dans le comportement de protection. Les résultats observés suggèrent que l'infection à VIH tend à araser l'hé-térogénéité des comportements sexuels et préventifs. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour saisir les situations de risque de façon dynamique.Mots clés : genre, hétérosexuels, immigrés, comportements sexuels, révélation du statut, prise de risque.La sphère affective et sexuelle est profondément, et plus que toute autre dans la vie des individus, bouleversée par l'irruption de la séropositivité. Les relations sexuelles ont été pour la majorité le vecteur de la transmission et, après le diagnostic, i l pèse sur les personnes atteintes une obligation de prévention qui imposera son poids de responsabilité, l'usage permanent du préservatif et une révélation difficile à leur conjoint(e) et à leurs partenaires actuels ou futurs [1]. La présence du virus en soi se rappelle sans cesse comme une menace intérieure à chaque rapport sexuel [2]. À cela, s'ajoute bien évidemment l'ombre portée sur le projet de vie par l'atteinte à l'intégrité physique et l'incertitude du contrôle de l'infection par les médicaments. Loin d'être une sphère autonome, seulement régie par des logiques intimes et relationnelles, la sexualité s'inscrit dans le social, les repré- sentations sociales de la maladie, la place de la personne atteinte dans la hiérarchie sociale et les rapports sociaux de sexe [3,4]. Les pratiques préventives des personnes séropositives restent une question d'actualité, dans la mesure où les transmissions sont fréquentes au sein des couples, en dépit de l'information [4] et des progrès obtenus grâce au contrôle de la réplication virale par les traitements [5].La problématique du genre dans le champ du sida a pris une place croissante à mesure que l'épidémie se diffusait par les rapports hétérosexuels, et cela aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays du Sud, car le déséquilibre des rapports entre hommes et femmes pèse de façon majeure sur toutes les dimensions de la prévention [6]. Le préservatif masculi...