RESUME L'association statistique entre le diabète et l'infection est en accord avec les observations de la pratique clinique quotidienne et les notions anciennes de la physiopathologie. Dans cet article, nous cherchons à déterminer si, dans cette association, l'hyperglycémie en elle-même constitue un facteur causal. Pour ce faire, nous avons vérifié si cette hypothèse est en accord avec les neuf critères de Bradford-Hill. Nous avons procédé en analysant systématiquement la littérature, en partant d'une liste de tableaux cliniques infectieux définis. Nous avons donc vérifié successivement la force de cette association, sa stabilité, sa spécificité, sa temporalité, l'existence d'un effet dose-réponse, sa plausibilité biologique, la cohérence de l'hypothèse, les données expérimentales et l'existence possible d'analogies. Nous avons ainsi pu identifier les tableaux cliniques concernés, ainsi que les risques relatifs et rapports de cote associés. Nous avons également relevé certaines affections hautement spécifiques du diabète, comme la pyélonéphrite emphysémateuse ou l'otite maligne externe. Nous avons pu voir que l'hypothèse testée s'insère correctement dans les données de la biologie et de l'épidémiologie moderne. Huit des neuf critères de Bradford-Hill étant remplis, il existe effectivement une association causale entre l'hyperglycémie, la glycosurie et l'augmentation du risque d'infection dans le diabète. Rev Med Brux 2018 ; 39 : 495-504
ABSTRACTThe statistical association between diabetes mellitus and infectious diseases is consistent with the observations of daily clinical practice and ancillary notions of pathophysiology. In this issue, we aim to establish whether hyperglycemia itself plays a causal role in this association. To do so, we have verified whether this hypothesis fulfilled the Bradford Hill criteria. We have systematically reviewed the medical literature from a panel of infectious diseases. We have successively verified the strength of the association, its stability, specificity, and temporality, the existence of a dose-response effect, its coherence, the experimental data and available analogy. We could identify the clinical affections of interest and related relative risks and odds ratios. We also have identified several affections highly specific of diabetic patients, such as emphysematous pyelonephritis and malignant external otitis. We could conclude that the the hyperglycemia and glycosuria play a causal role in the relation between diabetes mellitus and the risk of infectious disease.
Rev Med Brux 2018 ; 39 : 495-504