Cette recherche a bénéficié du soutien de l'axe « Économie publique et redistribution » du Cepremap. L'Institut Europlace de Finance (EIF) a également soutenu financièrement ce travail. Nous remercions également Ronan Mahieu pour ses nombreuses relectures et ses commentaires avisés. Enfin, nous remercions les deux rapporteurs anonymes de la revue qui ont permis d'améliorer sensiblement la première version de ce texte. Les propos contenus dans ce papier sont ceux des auteurs et n'expriment pas nécessairement les positions de la Caisse des Dépôts.Résumé : En France, les départs à la retraite sont fortement marqués par une « norme sociale » puisqu'une une très large majorité des personnes liquident leurs droits au taux plein, que ce soit par la durée de cotisation ou par l'âge légal. Pour autant, le niveau de vie, les conditions de travail, la santé, les incitations financières, sont susceptibles d'influencer ces départs. Dans cet article nous étudions plus spécifiquement les liens entre âge de départ à la retraite et montants de patrimoine. Plus précisément, nous testons l'existence d'un éventuel effet richesse en évaluant l'impact du patrimoine du ménage sur l'âge envisagé de départ à la retraite par les individus. Pour cela, nous mobilisons l'enquête de suivi « Histoire de vie et patrimoine » 2014-2015 de l'Insee. L'âge envisagé moyen est de 63 ans et 7 mois, un tiers des Français envisageant de prendre sa retraite à 65 ans et 20 % à 62 ans. Cet âge de départ est lié à la génération dont dépendent les droits à la retraite et les conditions de liquidation de ces droits, mais aussi à d'autres caractéristiques : statut d'activité, niveau de diplôme… et patrimoine du ménage. Deux conclusions principales sont tirées de l'analyse économétrique. La première concerne les ménages endettés (sur leur logement principal ou pour leur entreprise) qui envisagent se retirer plus tard du marché du travail. La seconde montre que, quelle que soit la définition de la richesse (brute, nette, financière) on anticipe une retraite plus tardive si l'on est relativement pauvre ou si l'on est relativement riche : l'effet richesse sur l'âge envisagé de départ à la retraite n'est donc pas linéaire. En d'autres termes, trop peu de patrimoine retarde le départ envisagé mais faire partie du centile supérieur induit aussi un retrait plus tardif. L'effet quantitatif est néanmoins relativement faible, toujours inférieur à une année de travail en moins pour les niveaux de richesse intermédiaire. Ces effets « retard » aux extrêmes sont évidemment de nature différente : sans doute pour des raisons de niveau de vie pour les plus pauvres ; vraisemblablement pour d'autres motifs pour les plus riches : intérêt au travail, altruisme intergénérationnel…