Parmi les différents récits au sujet des origines du peuple des Scythes (Hdt. IV, 5-15), Hérodote nous présente aussi celui retenu par les Grecs de la mer Noire (ch. 8-10). Ce morceau tout entier du texte d'Hérodote s'avère plutôt intéressant, pas tant dans le but d'établir une espèce de descendance d'un archétype unique de mythes et/ou de personnages qui sont devenus ensuite l'expression de patrimoines identitaires de peuples différents, que pour réfléchir sur l'existence d'éléments culturels-détenus par des peuples ayant vécu et se déplaçant dans les régions qui entouraient le bassin de la mer Méditerranée, y compris la mer Noire-qui étaient partagés par ces mêmes peuples que les caractéristiques environnementales avaient vraisemblablement mis en contact. Si, en effet, le récit de la naissance du peuple scythe retenu par les Scythes eux-mêmes offre des éléments (e. g. le nom du premier roi des Scythes, Colaxaïs) qui permettent, par exemple, d'établir quelque lien entre la civilisation des Scythes et celle des Spartiates de l'époque archaïque (le cheval « colaxéen » mentionné dans Alcm. fr. 3, 59 Calame), le récit retenu par les Grecs de la mer Noire (ch. 8-10), qui a comme protagoniste Héraclès, semble quant à lui mettre en évidence des éléments (e. g. l'arc, l'union avec une créature surhumaine) 1 J'aimerais remercier vivement François de Polignac de m'avoir invité à réfléchir encore sur certains passages de mon texte et à les préciser davantage. Je reste en tout cas le seul responsable de son contenu. Je remercie aussi les éditeurs du volume d'avoir voulu accueillir cette étude dans leur recueil et de m'avoir fait des suggestions utiles en vue de sa publication. 2 Post Doc researcher: École Pratique des Hautes Études, Section des Sciences Religieuses.