:Persecution and Pluralism: Calvinists and Religious Minorities in Early Modern Europe 1550-1700

La démocratie du croire. Les républiques imaginées des réformés

“…Elle peut mettre en péril les efforts des protestants français qui, comme Antoine Court puis Rabaut Saint-Étienne, cherchent à obtenir une reconnaissance juridique par le biais d'un édit royal et cultivent par conséquent leur déférence à l'égard de la couronne 41 . Il ne fait pas de doute que de tels rapprochements suscitent des frictions entre philosophes et protestants : alliés de circonstance, leur combat vise néanmoins des effets différents, surtout lorsque Voltaire affirme que le protestantisme est un « parti naturellement ennemi des rois » 42 .…”

“…Baubérot Jean, Carbonnier-Burkard Marianne, Histoire des protestants…, p. 225. 42 Dunning Woodbridge John, « An Unnatural Alliance for Religious Toleration : The Philosophes and the Outlawed Pastors of the Church of the Desert », Church History 4, vol. 42, 1973, pp.…”

“…« Le dogme de la souveraineté du peuple, en renversant cet ordre et détrônant Dieu, devait naturellement conduire à l'athéisme. » promue est déconsidérée, car c'est elle qui aurait mené des protagonistes (Luther, Calvin, Rousseau ou Necker) à s'ériger en « législateur de la société politique et en réformateur de la société religieuse [en] donnant une constitution à l'une et à l'autre société » 42 .…”

“…Des moyens semblables à ceux que la providence avait mis à la disposition des premiers hérauts de la doctrine du salut, furent offerts par la même main à ces nobles et intrépides restaurateurs de l'autorité suprême de l'Écriture, auxquels nous devons de n'avoir pour guide de notre foi et de notre vie que les seuls enseignements de la parole de Dieu, et de pouvoir nous attacher uniquement au code de ses révélations indubitables, libres du joug de préceptes humains, libre du joug d'une raison égarée tantôt par l'orgueil, tantôt par des intérêts plus bas. » 42 Le siècle qui s'ouvre est donc bien celui de la « seconde promulgation de l'Évangile » après la Réforme, et la Société biblique accompagne ce processus : elle transige et discute avec les radicaux pour les faire revenir au christianisme ; elle convainc parallèlement les catholiques d'accepter la liberté. Cette atténuation de l'autoritarisme sous ses formes catholiques ou radicales, les Sociétés bibliques et les consistoires l'opéreraient en mettant des bornes à la raison, en donnant un accès à la Bible au peuple, en la lui expliquant et en réduisant le particularisme clérical afin de rétablir la communication entre la société, ses ministres et Dieu : « Je désire, j'espère obtenir votre assentiment, Messieurs, en comparant ce siècle restaurateur de la pureté de notre foi avec celui qui nous a vus naître, en croyant reconnaître, à ces deux époques, presque les mêmes besoins, les mêmes secours, les mêmes traces de cette main paternelle qui dirige les évènements et qui réunit les volontés pour faire prévaloir de plus en plus la cause du vrai christianisme, qui est celle du genre humain.…”

“…D'autres font encore moins de nuances, ainsi que le signale le théologien Maurice Neeser. Dans un article de 1928, il reproche au maurassien Noël Vesper, un pasteur proche de l'Action française, de poser un « double dilemme assez souvent formulé dans certains milieux de nos jours : ou bien le catholicisme et la monarchie, et par eux, l'ordre social ; ou bien le protestantisme et la démocratie et, par eux, le désordre » 42 .…”