Cette contribution questionne le caractère improbable d’une mobilisation qui conteste la fermeture discrétionnaire des frontières, menée par les demandeurs d’asile se trouvant sur l’île de Lampedusa (Italie) en juillet 2013. Ces migrants sont officiellement enfermés dans un centre de premiers secours et d’accueil. Pourtant, ils réussissent d’une part, à organiser une action collective qui se déroule dans l’espace public, et d’autre part, à obtenir des pouvoirs publics un arrangement qui leur est favorable. Après avoir rappelé les moments forts de la mobilisation, cet article propose d’analyser son déroulement et ses conséquences à la lumière de l’espace particulier au sein duquel il prend forme, et des ressources mobilisées et mobilisables par ses protagonistes. En nous appuyant sur une enquête qualitative menée en 2013 et en 2014, nous nous proposons d’éclairer en quoi le mouvement des demandeurs d’asile étudié peut être considéré improbable, et de contribuer aux récents débats sur l’identité collective au sein des mouvements sociaux.