Éditorial> Les immunothérapies anticancéreuses ciblant les points de contrôle immunitaire (immune checkpoints : PD1, PD-L1, CTLA4 1 ) sont désormais incontournables dans la prise en charge des cancers. Elles sont aujourd'hui autorisées en France pour le traitement du mélanome, de certains cancers du poumon, du cancer du rein, de la vessie et du lymphome de Hodgkin. Ces immunothérapies ont gagné leurs premiers galons au début des années 2010, lorsqu'elles ont montré un bénéfice pour des patients atteints de cancers avancés comme le mélanome métas-tatique, qui faisait jusque-là face à un désert thérapeutique. La communauté médicale a été alors d'autant plus impressionnée par ces nouvelles thérapeutiques que des signes d'efficacité ont été également donnés dans les cancers pulmonaires ou les tumeurs ORL, pour lesquelles aucune immunothérapie n'avait jusqu'alors prouvé une quelconque efficacité. Mais ce qui a consacré véritablement le terme de « révolution thérapeutique » sont deux éléments clés associés à ces immunothérapies : (1) la durée des réponses chez les répondeurs, aboutissant à une amélioration de la survie, (2) un spectre d'activité extrêmement large, balayant de multiples localisations anatomiques. Certains patients atteints de mélanome, répondeurs à cette immunothéra-pie, sont maintenant à plus de 5 ans de traitement et les dermatologues commencent à évoquer le terme de maladie chronique, voire de guérison, pour ces patients jusque-là condamnés à court terme. De plus, certains patients, pour lesquels l'immunothérapie avait dû être interrompue en raison de sa toxicité, présentent une réponse thérapeutique même bien après cet arrêt. Ce phénomène, qui n'est pas observé avec les thérapies ciblées (où l'échappe-ment thérapeutique est inéluctable), illustre parfaitement la réponse mémoire induite par ces immunothérapies, ainsi que la capacité d'adaptation du système immunitaire à l'émergence de nouveaux clones tumoraux. Une particularité de ces immunothérapies est le profil parfois atypique des réponses observées, plus complexe que celui obtenu avec les thérapeutiques conventionnelles [1]. En effet, un phé-nomène de « pseudo-progression », au cours duquel la tumeur grossit initialement mais finit par régresser en réponse au traitement, a été décrit. Ce phénomène, observé chez environ 10 % des patients atteints d'un mélanome et traités par un anticorps anti-PD1, soulève la question de la poursuite du traitement ou 1 PD1 : programmed cell death protein1 ; PD-L1 : programmed cell death ligand 1 ; CTLA4 : cytotoxic T-lymphocyte-associated protein 4. sa modification chez un patient en progression radiologique à sa première évaluation scanographique. Il faut alors savoir intégrer les données cliniques pour distinguer une vraie progression d'une pseudo-progression. Ceci est d'autant plus critique qu'un phénomène d'hyper-progression a été décrit chez des patients recevant des anticorps anti-PD1 ou PD-L1 [2] : l'immunothérapie semble alors avoir un rôle facilitateur de la progression tumorale, un phénomène qui toucher...