RésuméApparue au milieu des années 1980, la géographie féministe est demeurée en marge de la géographie du Québec, comme s'il s'agissait d'une branche mineure de la géographie. Or, après avoir intégré des préoccupations liées à la géographie des genres et des sexualités, la géographie féministe s'élargit et se consolide sur les plans théorique, épistémologique et méthodologique en intégrant les approches intersectionnelle et décoloniale. Elle se développe à un point tel qu'il est désormais légitime de parler des géographies féministes au Québec. En fait, en adoptant les approches intersectionnelle et décoloniale, les géographies féministes questionnent la construction des discours et du corpus de connaissances constitutifs de la géographie du Québec, connaissances qui se prétendaient universelles. De plus, ces outils analytiques permettent un nouveau regard sur des champs d'intérêts établis dans la géographie du Québec comme les questions migratoires et autochtones, en donnant la parole aux femmes. En ouvrant la voie à la co‐construction des connaissances, ces approches favorisent la visibilité de la complexité des rapports de pouvoir et des rapports à l'espace des différents groupes de population vivant au Québec. En d'autres mots, les géographies féministes, en donnant la parole aux femmes provenant de groupes sociaux subalternes comme les immigrantes et les autochtones, peuvent contribuer à créer une géographie de l'émancipation.