Afin d’étudier la diversité spatio-temporelle des glossines vectrices de trypanosomoses en Côte d’Ivoire, des enquêtes ont été réalisées sur le fleuve Comoé dans trois sites localisés dans des zones écoclimatiques différentes : au nord, au centre et au sud. Elles ont eu lieu en saisons sèche et pluvieuse. Pour chaque site et saison, les glossines ont été capturées pendant cinq jours consécutifs à l’aide de pièges biconiques disposés suivant des transects perpendiculaires au fleuve Comoé. A Kafolo, en savane, trois espèces et sous-espèces ont été capturées indépendamment de la saison : Glossina palpalis gambiensis, G. tachinoides et G. medicorum. A Aboisso-Comoé et à Groumania, respectivement en zone de forêt et de transition forêt-savane, seule G. palpalis palpalis a été capturée. La densité apparente par piège, toutes espèces confondues, a été plus importante à Kafolo qu’à Groumania et à Aboisso-Comoé. Elle a été de 9,48 glossines (gl)/piège/jour (écart-type [ET] = 26,30) à Kafolo, de 0,79 gl/piège/ jour (ET = 2,65) à Groumania et de 0,18 gl/piège/jour (ET = 0,58) à Aboisso-Comoé en saison sèche. En saison pluvieuse, elle a été de 3,64 gl/piège/jour (ET = 9,76) à Kafolo et de 1,42 gl/piège/jour (ET = 2,35) à Groumania. Ces résultats montrent que la diversité des espèces de glossines le long du fleuve Comoé est fonction de la conservation du biotope, ainsi que l’illustre la disparition progressive de certaines espèces comme G. morsitans submorsitans qui n’a pas été capturée au cours de cette étude. Nous confirmons également que seul le vecteur majeur de la trypanosomiase humaine africaine, G. palpalis s.l., est capable de s’adapter à l’homme.