, ce qui représenterait environ 870 000 cas actuellement en France avec une incidence de 220 000 nouveaux cas par an (source : rapport à l'Office parlementaire pour l'évaluation des politiques de santé, juin 2005). La cause la plus fréquente de démence est la maladie d'Alzheimer (MA), affection irréversible dans l'état actuel de nos connaissances puisque les seuls traitements disponibles sont purement symptomatiques [2]. Les principaux facteurs de risque de MA, l'âge et la possession de l'allèle e4 du gène de l'apolipoprotéine E (apoE4) pour sa forme tardive ou sporadique, sont des facteurs de prédisposition qui n'offrent aucune possibilité de prévention. Il importe donc d'identifier des facteurs environnementaux modulant le vieillissement cérébral et le risque de MA, sur lesquels il serait possible d'agir. Avant la survenue du stade de démence irréversible, le déclin cognitif progressif va se manifester par des déficiences cognitives légères (mild cognitive impairment ou MCI) qui atteignent environ 15 à 20 % de la population âgée de 65 ans et plus, mais qui représentent un état instable encore potentiellement réversible dans son évolution naturelle ou grâce à la mise en place d'une prévention secondaire [3]. Une stratégie de prévention devrait viser à éviter ou retarder la survenue du passage vers la démence et à favoriser le retour à une cognition normale chez des sujets au stade MCI.
Les études épidémiologiques françaises sur nutrition et vieillissement cérébralLes études épidémiologiques peuvent apporter des arguments sur les relations entre apports ou statut nutritionnel et vieillissement cérébral. Cependant, seules les études longitudinales (études de cohorte) sont pertinentes pour montrer que le comportement alimentaire observé a bien précédé le déclin cognitif ou la démence, et non l'inverse. La plupart de ces études sont américaines et reflètent donc des habitudes alimentaires particulières tout en comprenant des proportions importantes d'utilisateurs de suppléments, qui peuvent biaiser les résultats si leur composition précise n'est pas prise en compte. Cependant, trois grandes études épidémiologiques françaises comportent à la fois des données nutritionnelles et cognitives répétées en population générale âgée, permettant d'étudier les relations entre nutrition et vieillissement cérébral : l'étude PAQUID [7], l'étude EVA (étude du vieillissement artériel) [8] et l'étude des 3 Cités (3C) [9]. L'étude PAQUID, qui avait pour objectif l'étude du vieillissement cérébral et fonctionnel, a inclus 3 777 personnes âgées de 65 ans et plus, vivant à leur domicile, tirées au sort en 1988 dans 75 communes de Dordogne et de Gironde. Les participants ont été visités à leur domicile par une psychologue qui recueillait un ensemble de données sur leur mode de vie, leurs symptômes et leur faisait passer des tests neuropsychologiques. Tous les sujets suspects de démence à l'issue de cette entrevue étaient ultérieurement revus par un neurologue pour confirmer le diagnostic et en préciser l'étiolo-gie. Les sujets ont ensui...