En 1884, un composé lipidique a été isolé à partir de tissus cérébraux. Sa structure et son métabolisme étant inconnus, il fut nommé sphingomyéline en référence au sphinx, animal énigmatique. Actuellement, plus de 300 sphingolipides (SPL) ont été identifiés : ce sont des constituants de la membrane plasmique. Les SPL sont des molécules ubiquitaires présentes chez les cellules eucaryotes et certaines bactéries [1] ; ils ont une base sphingoïde commune, la sphingosine (Figure 1). Lorsque la sphingosine est liée à un acide gras par une liaison amide, on obtient une sphingosine N-acylée, communément appelée céramide. L'acide gras constitutif du céramide est une chaîne carbonée, généralement saturée, contenant de 14 à 26 atomes de carbone. Ces deux chaînes carbonées (sphingosine et acide gras) forment la queue apolaire des SPL, leur tête polaire étant représentée par des sucres ou un groupement phosphate lié à un alcool. En fonction de la nature de leur tête polaire, le groupe des SPL se divise en deux sous-groupes : les glycosphingolipides et les sphingophospholipides [2]. Les glycosphingolipides ont pour tête polaire un groupement glucidique. Ils sont représentés par les cérébrosides, les sulfatides et les gangliosides. Chez les mammifères, les sphingophospholipides sont représentés par la sphingomyéline et ses dérivés : céramide-1-phosphate, sphingosine-1-phosphate et sphingosylphosphorylcholine [3] (Figure 2). La tête polaire des sphingomyélines est un groupement phosphate lié à un alcool, la choline [4]. Les SPL peuvent jouer un rôle structural, posséder une activité de récepteurs et se comporter comme des seconds messagers (Figure 2). Dans cet article, seuls les aspects liés aux propriétés structurales et de récepteurs seront abordés.
Sphingolipides et organisation de la membrane cellulaireLes composants membranaires sont distribués en microdomaines hétérogènes ou rafts qui se caractérisent par leur richesse en cholestérol, SPL et protéines spécifi-ques [5]. Ces rafts interviennent dans des processus cellulaires majeurs : signalisation, régulation du cholestérol ou trafic membranaire [6][7][8][9][10][11][12][13]. Chez les mammifères, les SPL représentent une partie importante (environ 20 %) des lipides du système nerveux. La > Les sphingolipides (SPL) sont des molécules ubiquitaires indispensables au maintien et au déve-loppement des organismes vivants. Ils ne sont pas répartis uniformément le long de la membrane mais regroupés sous forme de microdomaines lipidiques appelés rafts. On a longtemps pensé que les SPL avaient uniquement un rôle structural. On sait maintenant qu'ils jouent aussi un rôle de récepteur et de seconds messagers (intervenant dans des fonctions majeures de la vie cellulaire) et que de nombreuses maladies génétiques (sphingolipidoses) s'expliquent par un dysfonctionnement de leur métabolisme. Après un rappel des propriétés structurales des sphingolipides, cet article fait le point sur les relations entre leur rôle de récepteur et l'entrée d'agents pathogè-nes dans la cellule ainsi que sur le...