> Les virus à ARN sont responsables de maladies graves telles que la grippe, la dengue, l'hépatite C, la rougeole ou la bronchiolite des nourrissons. Ils représentent également une menace émergente en raison des échanges internationaux et des bouleversements écologiques liés aux activités humaines. Notre compréhension des mécanismes cellulaires qui contrôlent la réplication virale a fortement progressé ces dernières années, et il apparaît que des composés capables de cibler la cellule hôte, plutôt que le virus luimême, pourraient inhiber un large éventail de virus à ARN. Ainsi, différents laboratoires privés et universitaires sont en quête de molécules stimulant la réponse antivirale innée des cellules hôtes. Une stratégie intéressante consiste à rechercher des molécules induisant l'expression des ISG (interferon-stimulated genes), lesquels constituent un vaste ensemble de gènes antiviraux activés en particulier par les interférons de type I. Pour atteindre cet objectif, nous avons mis au point un test phénotypique basé sur des cellules humaines transfectées avec un gène rapporteur luciférase sous contrôle d'un élément de réponse aux interférons (ISRE). Ce système a été utilisé pour cribler une chimiothèque d'environ 54 000 composés. Parmi les molécules sélectionnées, nous avons montré que le composé DD264 stimule la réponse immunitaire innée dans les cultures cellulaires, et présente une activité antivirale à large spectre. En recherchant la cible de ce composé, nous avons montré qu'il inhibe la voie de biosynthèse de novo des pyrimidines, et notamment la quatrième enzyme de cette voie métabolique, la dihydroorotate déshydrogénase (DHODH). Ainsi, nos résultats établissent de façon surprenante un lien fonctionnel nouveau entre la voie de biosynthèse des pyrimidines et la réponse innée antivirale. < Malgré des besoins importants, notre arsenal thérapeutique contre les infections virales, et notamment contre les virus à génome ARN, est extrêmement limité [1]. Si des vaccins efficaces ont été développés contre de nombreux virus mortels pour l'homme comme la variole, la fièvre jaune ou la poliomyélite, la couverture vaccinale reste bien souvent insuffisante, y compris dans les pays développés. À titre d'exemple, on assiste en France depuis quelques années à une recrudescence des cas de rougeole avec des conséquences parfois dramatiques, alors qu'un vaccin sûr et efficace existe [2]. Des molécules antivirales seraient ainsi d'une grande utilité pour traiter des patients ayant déjà déclaré l'infection. En outre, il n'existe pas de vaccin contre de nombreux virus qui représentent pourtant un problème majeur en santé publique. Par exemple, le virus respiratoire syncytial humain (HRSV) serait responsable à l'échelle mondiale d'environ 3,4 millions d'infections respiratoires sévères et d'au moins 66 000 décès chez les enfants de moins de cinq ans [3]. Du fait de la multiplication des échanges internationaux, les grandes métropoles se trouvent égale-ment de plus en plus exposées à des infections tropicales d'origine