À la suite de l'initiative pionnière de la Tate Modern en 2004, plusieurs musées de renommée internationale se sont dotés d'un département intitulé time-based media art. Celui-ci regroupe des oeuvres se caractérisant par leur durée. Parmi elles, des performances, dont la conservation repose sur la documentation. Parmi les documents, la captation vidéo occupe une place à part, par l'importance qui lui est accordée et par les nombreuses critiques qui lui sont faites. Les technologies numériques proposent deux types d'approches pour pallier aux biais de la captation : intra-documentaire (annoter la captation) et inter-documentaire (connecter la captation à un corpus documentaire plus vaste). Après avoir développé ces deux stratégies au travers d'exemples récents, nous présentons MemoRekall, une application web qui permet de les réunir au sein d'une même interface homme-machine. L'agencement des ressources documentaires et des annotations crée un nouveau document, une capsule. Celle-ci organise la documentation et propose une stratégie de conservation des oeuvres. L'objectif est de déduire l'intention artistique de l'articulation des documents et d'aider ainsi à établir l'authenticité d'une ré-interprétation via la documentarisation. Mots-clés Documentation, conservation, arts de la scène, interface homme-machine, time based media art En ce début de millénaire, la performance et les arts de la scène, et en particulier la danse, investissent ou plutôt réinvestissent les espaces d'exposition et les musées. C'est ainsi qu'en 2008, la Ferme du Buisson (Marne-la-Vallée) a présenté une manifestation au titre explicite : Une exposition chorégraphiée. Comme l'a montré Claire Bishop, le phénomène n'est pas nouveau : deux vagues similaires l'ont précédé, au tournant des années 1930-1940 puis 1960-1970 (Bishop, 2014 : 63). La scène se déplace vers le musée ou la galerie, de la « black box » au « white cube ». L'un des exemples les plus récents est Work/Travail/Arbeid (2015) d'Anne Teresa De Keersmaeker s'étirant pendant neuf semaines au Wiels (Bruxelles). Quatorze danseurs et six musiciens oeuvrent pendant la totalité des heures d'ouverture du musée. Une version réduite, de neuf jours, a été présentée au Centre Pompidou (Paris) et à la Tate Modern (Londres) en 2016 avant de nouvelles dates prévues en 2017 au MoMA (New York).