Résumé. La progression rapide du phénomène d'urbanisation a entrainé le développement depuis une décennie d'une multitude des programmes de recherche enécologie urbaine, principalement en Amérique du Nord et en Europe. Ces initiatives ont nécessité le passage d'un champ de recherche historiquement pluridisciplinaire vers des démarches interdisciplinaires construites sur la base de nécessaires collaborations et d'échanges entre les différentes disciplines scientifiques afin d'étudier et de comprendre les relations entre les villes et leur environnement. D'un point de vue environnemental, ces démarches ontété complétées et renforcées par une nouvelle approche nécessitant la transition d'uneécologie dans la villeà uneécologie de la ville basée sur desétudes intégrées de larges zones urbaines. Après avoir présenté les principaux objectifs et caractéristiques des programmes actuels de recherche eń ecologie urbaine, les types de relations et d'échanges initiés au sein de ces programmes entre les disciplines impliquées sont détaillés et analysés ainsi que ceux qui ont permis d'obtenir les meilleurs résultats. Une réflexion estégalement menée afin de déterminer si ceséchanges, devenus quasi obligatoires, peuventêtre assez puissants pour donner naissanceà une discipline autonome, considérée par certains auteurs comme « a new emerging discipline ».
Origines et cadre de la réflexionLe phénomène d'urbanisation est une tendance mondiale, il s'observe aussi bien dans les pays développés que dans les paysémergents avec comme principale conséquence une population humaine qui devient de plus en plus urbaine [1]. En effet, depuis 2007, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité plus d'êtres humains vivent dans les villes que dans les zones rurales et, en 2017, les pays en développement présenteront un visage plus urbanisé que rural [2, 3]. L'augmentation prévue de la population urbaine dépasse celle de l'ensemble de la population mondiale sur la même période (2,5 milliards), ce qui implique que les zones urbaines devront absorber non seulement toute la population attendue sur les 40 prochaines années mais aussi une partie de la population rurale (du fait des migrations et de la transformation d'habitats ruraux périphériques en centres urbains). En 2050, d'après la dernièreévaluation de l'Organisation des Nations Unies [1], la population humaine comptera probablement 2à 4 milliards d'individus supplémentaires, elle pourrait passer de 6,3 aujourd'huià plus 8,9 milliards [4]. Cette urbanisation du monde a débuté il y a environ 200 ans et s'est grandement accélérée dans la seconde moitié du 20 e siècle.À cetteépoque, 16 villes, la majorité dans les pays industrialisés, possédaient 1 million d'habitants ou plus. Aujourd'hui, ce nombre est presque de 400, et presque 70 % d'entre elles se situent dans les pays en voie de développement. Le nombre des mégapoles (« megacities ») de plus de 10 millions d'habitants atteint a e-mail : nicolas.maughan@etu.univ-provence.fr; nicolas.maughan@gmail.com aussi un niveau mondial sans précéde...