Notre article vise à examiner les rapports entre les liens sociaux, les initiatives collectives et les processus conflictuels à partir de deux axes principaux. Nous prêtons d’abord attention à la dimension relationnelle des initiatives collectives, en nous penchant sur trois concepts qui peuvent nous aider à mieux saisir les processus menant à la formation, la reproduction et la transformation des liens sociaux. Nous prenons ensuite en compte le rôle que les initiatives collectives peuvent jouer dans le cadre de conflits sociaux, afin de complémenter l’accent mis sur la coopération dans plusieurs travaux portant sur ces initiatives. Nous croisons ces deux axes en analysant les mobilisations contre la gentrification observées entre 2019 et 2022 dans le quartier montréalais de Parc-Extension, à partir d’une recherche ethnographique menée durant cette période avec le Comité d’action de Parc-Extension (CAPE). Notre analyse nous amène à soutenir que les initiatives collectives peuvent à la fois contribuer à la reproduction sociale dans un environnement donné, répondre à des besoins et à des aspirations collectives et augmenter la capacité d’intervention populaire dans le cadre de processus conflictuels qui visent, entre autres, à déstabiliser les élites économiques et politiques et à obtenir des concessions.