La confusion marqueur/fonctionPrenons l'exemple des lymphocytes T régulateurs puis celui des cellules dendritiques.
L'exemple des lymphocytes T régulateursLes lymphocytes T régulateurs naturels (Treg), définis initialement par des marqueurs non spécifiques CD3 + CD4 + CD25 + , se sont révélés être « naturellement » CD25 fort (distinguables des autres T activés exprimant CD25 de façon intermé-diaire ou faible) et doués d'une fonction suppressive [1]. Ce n'est qu'en 2003 qu'un marqueur spécifique fut décrit, le facteur de transcription Foxp3 [2], dictant leur fonction suppressive [3]. Pourtant, ces mêmes cellules Treg existent à l'état basal, et peuvent aussi être inductibles à partir de cellules T conventionnelles dans certaines circonstances d'activation [4]. Il s'agit ici d'un exemple où une même fonction T inhibitrice peut exister spontanément/naturellement à l'état basal dans une cellule A ou être induite à partir d'une cellule B dans un contexte d'activation. Récemment, il a été démontré que l'expression de Foxp3 pouvait dans certains cas ne pas être reliée à une fonction suppressive [5]. En effet, Foxp3 peut être exprimé dans les cellules T effectrices activées qui ne montrent aucune fonction suppressive. Ainsi la dénomination de lymphocytes régulateurs fondée uniquement sur le phénotype n'est plus correcte et seule la fonction suppressive associée à un phénotype permet de statuer.
L'exemple des cellules dendritiquesLe second exemple correspond à une même cellule dont l'activité fonctionnelle est sous la dépendance des signaux environnementaux. La versatilité ou plasticité fonctionnelle d'une même cellule est peu typique mais c'est une propriété originale des cellules dendritiques (CD). En effet, les CD peuvent exister à l'état immature (où elles exercent une activité phagocytique) ou à l'état mature (où elles présentent l'antigène), la transition entre les deux états étant provoquée par des signaux inflammatoires [cytokines, PGE2 (prostaglandine E2), ligands des TLR (Toll-like receptors)], chaque état étant identifiable par des marqueurs phénotypiques spécifiques [6,7]. Les CD offrent un élément de complexité supplémen-taire. Leur phénotype est aussi dicté par le tissu où elles > Les cellules de l'immunité, comme celles du système hématopoïétique, sont habituellement et de façon courante définies « phénotypique-ment » par une association de marqueurs, ces marqueurs concourant à la caractérisation de leur lignage ou précurseur d'origine, de leurs fonctions (parfois dictées par un facteur de transcription) ou de leur topographie dictant une régulation phénotypique et fonctionnelle particulière. L'immunologie moderne a permis la définition de nouvelles sous-populations cellulaires appartenant à une catégorie d'origine, ces sous-populations s'étant singularisées par leurs fonctions distinctes. < L'article de Laure Coulombel et Armand Bensussan « IKDC, un nouveau costume pour les cellules NK activées » (page 521 de ce numéro) été adressé au Pr Laurence Zitvogel, et nous publions ci-dessous le texte qui constitu...