Dans cet article, j’analyse certains enjeux d’une recherche-création intitulée Traverses, qui prend la forme d’un spectacle vivant et transdisciplinaire connectant arts, sciences humaines et sociales et migrations. Cette recherche-création a accompagné ma recherche doctorale en anthropologie autour des traversées de frontières et transmigrations de Sénégalais·es vers et depuis le Nord de l’Afrique, que ce soit au niveau de la méthodologie, de la réflexivité, de l’écriture et de la transmission. Je dévoile ici certains aspects des processus réflexifs et créatifs que constituent ce spectacle, et quelques éléments des recherches artistico-scientifiques qui l’entourent, qui représentent à plusieurs niveaux et étapes des expérimentations de collaborations entre artistes et chercheur·es qui se sont rencontré·es et travaillent ensemble aux confins de migrations Sud-Sud, Sud-Nord et Nord-Sud. En tant que traduction sensible d’une enquête doctorale en Anthropologie, je montre comment la recherche-création Traverses, anime, médiatise et démocratise ma recherche scientifique, du contenu de l’étude au processus d’enquête jusqu’à l’écriture. Dans une première partie, j’explore les manières dont Traverses rend accessible et médiatise, à travers des supports sensibles variés, une recherche scientifique complexe, et visualise les choix faits en termes de transmission du contenu de l’étude doctorale. Dans une seconde partie, j’examine la façon dont Traverses vient transmettre, de manière plus implicite cette fois-ci, le processus d’enquête. Je me concentre particulièrement sur la relation intersubjective d’enquête et sur les asymétries d’enquête entre la chercheuse et les migrant·es concerné·es par sa recherche, asymétries croisées que ce processus de recherche-création est d’ailleurs venu rééquilibrer, sans jamais pouvoir les effacer.