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Les conditions socioprofessionnelles des agents de l’appareil sécuritaire ont fait l’objet d’une publicisation croissante après le 14 janvier 2011, mais aussi d’une mobilisation inédite des policiers tunisiens. Constitués en syndicats, ces derniers ont entamé des cycles de négociation avec les gouvernements successifs, s’imposant comme des interlocuteurs légitimes des pouvoirs publics. À travers une trentaine d’entretiens avec des syndicalistes policiers appartenant à trois organisations concurrentes à Tunis, Gafsa et Sfax, cet article revient sur le rôle des syndicats policiers tunisiens dans les évolutions statutaires des agents du ministère de l’Intérieur. En se penchant sur les enjeux qu’ont constitué les salaires, les avancées en grade et la séparation entre corps « civil » et corps de la « tenue », il montre que la période post-2011 voit une (re)valorisation du statut de l’agent, notamment à travers des augmentations salariales importantes, mais aussi des perspectives de montées en grade renouvelées. Si le régime de Ben Ali était souvent qualifié d’« État policier », cela avait tendance à obscurcir les conditions socioprofessionnelles réelles des agents de l’institution sécuritaire. Le contrôle politique exercé sur les agents des forces de sécurité avant janvier 2011 reposait, entre autres, sur le maintien des agents dans une situation économique assez précaire. L’irruption des groupes d’intérêt policiers sur la scène publique modifie radicalement le rapport de force entre élite politique et sécuritaire, et agents de la force publique. Ces derniers, en s’alignant sur le fond et la forme des revendications salariales par la centrale syndicale UGTT, parviennent à obtenir la signature d’un accord gouvernemental pour des augmentations par tranches de leurs salaires. L’impact des syndicats policiers ne se limite pas à des aspects matériels. Ils négocient, et obtiennent une montée en grade pour les agents de grades inférieurs. Ils négocient également un réagencement des règles d’avancement dans l’institution, pour une prise en compte des titres scolaires dans les montées en grade. Ces éléments tendent à opérer un renversement de la pyramide hiérarchique au sein de la police, mais aussi à créer des horizons professionnels désirables pour des agents qui étaient auparavant exclus de certaines fonctions. À cet égard, les syndicats s’inscrivent dans les thèmes révolutionnaires et la construction politique d’un discours de « la dignité » dans une acception socioprofessionnelle. Enfin, ces bouleversements des normes institutionnelles par l’action syndicale sont visibles dans la remise en cause d’une répartition des postes sur la base d’une division historique entre corps « civils » (correspondant notamment aux commissaires, aux inspecteurs, etc.) et « de la tenue » (officiers, commandants, brigadiers, etc.). Alors que les commissaires ont occupé les principales positions de pouvoir sous Ben Ali, les officiers du corps de la tenue tendent maintenant à occuper des postes dans la haute hiérarchie ministérielle. Ces évolutions vont dans le sens de l’émergence d’une nouvelle génération de cadres sécuritaires. Cet article montre que ces évolutions modifient profondément la répartition des pouvoirs au sein de l’appareil sécuritaire, ainsi que les rapports entre supérieurs hiérarchiques et subordonnés. Les revendications socioprofessionnelles alimentent une concurrence intersyndicale qui favorise l’adoption des mesures préconisées, ainsi que la construction de marges d’autonomie des bases à l’égard de la hiérarchie. À travers l’analyse des évolutions des normes socioprofessionnelles dans la police tunisienne, cet article réinterroge les effets des changements de régime sur les institutions régaliennes.
Les conditions socioprofessionnelles des agents de l’appareil sécuritaire ont fait l’objet d’une publicisation croissante après le 14 janvier 2011, mais aussi d’une mobilisation inédite des policiers tunisiens. Constitués en syndicats, ces derniers ont entamé des cycles de négociation avec les gouvernements successifs, s’imposant comme des interlocuteurs légitimes des pouvoirs publics. À travers une trentaine d’entretiens avec des syndicalistes policiers appartenant à trois organisations concurrentes à Tunis, Gafsa et Sfax, cet article revient sur le rôle des syndicats policiers tunisiens dans les évolutions statutaires des agents du ministère de l’Intérieur. En se penchant sur les enjeux qu’ont constitué les salaires, les avancées en grade et la séparation entre corps « civil » et corps de la « tenue », il montre que la période post-2011 voit une (re)valorisation du statut de l’agent, notamment à travers des augmentations salariales importantes, mais aussi des perspectives de montées en grade renouvelées. Si le régime de Ben Ali était souvent qualifié d’« État policier », cela avait tendance à obscurcir les conditions socioprofessionnelles réelles des agents de l’institution sécuritaire. Le contrôle politique exercé sur les agents des forces de sécurité avant janvier 2011 reposait, entre autres, sur le maintien des agents dans une situation économique assez précaire. L’irruption des groupes d’intérêt policiers sur la scène publique modifie radicalement le rapport de force entre élite politique et sécuritaire, et agents de la force publique. Ces derniers, en s’alignant sur le fond et la forme des revendications salariales par la centrale syndicale UGTT, parviennent à obtenir la signature d’un accord gouvernemental pour des augmentations par tranches de leurs salaires. L’impact des syndicats policiers ne se limite pas à des aspects matériels. Ils négocient, et obtiennent une montée en grade pour les agents de grades inférieurs. Ils négocient également un réagencement des règles d’avancement dans l’institution, pour une prise en compte des titres scolaires dans les montées en grade. Ces éléments tendent à opérer un renversement de la pyramide hiérarchique au sein de la police, mais aussi à créer des horizons professionnels désirables pour des agents qui étaient auparavant exclus de certaines fonctions. À cet égard, les syndicats s’inscrivent dans les thèmes révolutionnaires et la construction politique d’un discours de « la dignité » dans une acception socioprofessionnelle. Enfin, ces bouleversements des normes institutionnelles par l’action syndicale sont visibles dans la remise en cause d’une répartition des postes sur la base d’une division historique entre corps « civils » (correspondant notamment aux commissaires, aux inspecteurs, etc.) et « de la tenue » (officiers, commandants, brigadiers, etc.). Alors que les commissaires ont occupé les principales positions de pouvoir sous Ben Ali, les officiers du corps de la tenue tendent maintenant à occuper des postes dans la haute hiérarchie ministérielle. Ces évolutions vont dans le sens de l’émergence d’une nouvelle génération de cadres sécuritaires. Cet article montre que ces évolutions modifient profondément la répartition des pouvoirs au sein de l’appareil sécuritaire, ainsi que les rapports entre supérieurs hiérarchiques et subordonnés. Les revendications socioprofessionnelles alimentent une concurrence intersyndicale qui favorise l’adoption des mesures préconisées, ainsi que la construction de marges d’autonomie des bases à l’égard de la hiérarchie. À travers l’analyse des évolutions des normes socioprofessionnelles dans la police tunisienne, cet article réinterroge les effets des changements de régime sur les institutions régaliennes.
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