Dans cet article, nous rapportons une étude expérimentale qui a amené deux instigateurs du free jazz, le batteur Todd Capp et le multi-instrumentiste Daniel Carter, à rencontrer musicalement Mikey Holmes, un jeune artiste de la scène noise à New York en mai 2014. À travers une analyse du processus d'improvisation de ces trois musiciens, l'étude traite de la continuité tant sociale qu'artistique entre différents genres et différentes générations de l'improvisation. Les deux rencontres musicales ont été filmées et enregistrées pour provoquer l'auto-évaluation de la part des musiciens entre chacune des improvisations. Nous incluons deux vidéos dans le présent article pour partager le résultat musical de ces rencontres avec le lecteur. En s'appuyant sur les citations des musiciens, nous abordons les thèmes du temps de la performance et de l'enregistrement, de l'utilisation de sons contextuels, de la trans-musicalité, de l'improvisation libre et des liens entre musique et politique à New York entre les géants du jazz de la fin des années 50 et la musique improvisée d'aujourd'hui. À travers ces thèmes, nous établissons une relation entre la subversivité d'une musique et sa résistance au temps, et nous supposons qu'il existe un lien entre la pérennité des productions musicales enregistrées et leurs conditions de réalisation en studio. Grâce à cette approche méthodologique interdisciplinaire, nous confrontons l'art d'échantillonner à la performance improvisée et nous interrogeons le caractère social et politique contenu à l'intérieur d'une improvisation.
Mots clefsenregistrement musical, free jazz, improvisation libre, musique et politique, noise
AbstractIn this paper we report on an experimental study that brought two free jazz instigators, the drummer Todd Capp and multi-instrumentalist Daniel Carter, to musically meet Mikey Holmes, a young noise artist in New York in May 2014. Throughout an analysis of the improvisation process of these three musicians, our study addresses both the social and artistic continuity between different improvisation genres and generations. The two improvisation meetings have been filmed and recorded to allow musicians' selfevaluation. We include two videos in the article to share the musical result of these meetings with the readers. We use musicians' quotes to shed light on issues ranging from performance and recording time, the use of contextual sounds, transmusicality, free improvisation and the links between music and politics in New York between the late fifties' jazz giants and today's improvised music. Thanks to the issues tackled, we show how the subversiveness of a particular music and its resistance to time are related, and we suggest there is a link between the sustainability of musical recordings and their conditions of studio production. Our interdisciplinary approach allows us to confront the art of sampling with improvised performance and to question the social and political aspects included in an improvisation.