Les statistiques sont une matière notoirement difficile à enseigner aux étudiants des sciences humaines. L’anxiété statistique, une forme d’anxiété bien documentée chez ces étudiants, est présente dès le début du cours et explique donc une partie des difficultés rencontrées par ces étudiants. Cependant, nous croyons que l’anxiété statistique est la conséquence plutôt que la source de ces difficultés. Pour enclencher une discussion qui, à terme, pourrait bonifier la façon d’enseigner les statistiques dans les sciences humaines, nous examinons ici trois causes qui pourraient expliquer cet anxiété. D’une part, les humains ont très peu d’intuition du hasard (comme le montrent les études sur les jeux d’argent dans lesquels des conceptions erronées sont dévoilées), et donc, les notions de distribution et d’échantillonnage restent des concepts opaques pour plusieurs. De plus, certains concepts statistiques reposent sur des raisonnements « méta-statistiques » dans lesquels il faut concevoir des statistiques sur des statistiques. Finalement, la notion de prise de décision dans un contexte où l’information est partielle et incertaine est souvent mal comprise. Dans ce texte, nous précisons ces trois difficultés et suggérons des recommandations pour en amoindrir les conséquences. Cependant, les pistes présentées ici nécessitent d’être validées par des études formelles; ce texte se veut avant tout un catalyseur de discussions visant l’amélioration de l’état de nos classes de méthodes quantitatives.Statistics is a content matter notoriously difficult to teach to students of the social sciences. Statistical anxiety, a well-documented form of anxiety, is present from the beginning of the course and explains in part the learning difficulties experienced by these students. However, we believe that statistics anxiety is a consequence and not the source of these difficulties. To initiate a discussion on how statistical teaching could be improved in the social sciences, we consider herein three causes that might explain that anxiety. To initiate a discussion which could lead to improvements in the way statistics is taught, we examine herein three possible causes of this anxiety. First, human beings have very limited intuitions of randomness (as can be seen from erroneous conceptions from compulsive players) and consequently, distributions and sampling remains opaque concepts for many. Second, some statistical concepts are truly “meta-statistical” concepts in which one must conceive of statistics onto statistics. Finally, procedures for decision taking in contexts where information is limited and inaccurate are often poorly understood. In this text, we detail these three conceptual difficulties and propose recommendations to weaken their consequences. The propositions presented here still need to be validated with formal studies; this text hope to be a catalyst of discussions aiming at improving the teaching of quantitative methods and statistics