les crises de la domination, les tribulations de l'ordre marchand 1 , les progrès fulgurants dans le domaine des communications, de la technologie, et la restructuration du capitalisme mondial; se sont créées pour ainsi dire, de nouvelles conditions d'intensité, de proximité et même de quasi intimité avec les mondes exogènes jusque-là lointains 2. Réfléchir sur la place de l'Afrique dans cette irrésistible mutation est une incontestable gageure: l'anthropologue politiste que je suis, risque d'être surpris par la patrouille de la dogmatique académique, en flagrant délit d'impérialisme, pire encore de propension fictionnelle ou d'érudition voluptueuse dans un champ disciplinaire supposé réservé aux initiés 3. Or, l'objectivation d'un fait social,-a fortiori-d'un fait international est une question de posture épistémologique. Dans l'ensemble des écrits consacrés à la présence de l'Afrique sur la scène internationale, l'on rencontre tous les points de vue. Le plus dominant est cette représentation alarmiste qui trahit le discours intellectuel sur l'inanité de l'Afrique dans le concert des nations; la métaphore est pour le moins foisonnante, qui figure un continent «moins sujet qu'objet de son devenir» 4 , une Afrique «mal partie», «déboussolée», «étranglée», «trahie», «désemparée» etc. Ce discours compatissant sur la marginalisation de l'Afrique se mue frauduleusement en un discours sur sa périphérisation; car il repose sur le «paradigme du joug» et ses