Dans cet article j'examine la situation de la Nouvelle Académie dans la classification du scepticisme élaborée par Jules Vuillemin. Celui-ci, dans une étude intitulée « Une morale est-elle compatible avec le scepticisme ? », a distingué quatre types de scepticisme : le scepticisme radical, celui de Pyrrhon ; le scepticisme esthète ou raffiné, celui d'Aristippe ; le probabilisme individuel, celui de Carnéade ; et le probabilisme démocratique, celui de Hume. Or cette classification présente de multiples difficultés. Est-il légitime de faire usage à propos de la Nouvelle Académie du concept de « scepticisme » qui la définit beaucoup plus par rapport au néopyrrhonisme d'Enésidème et de Sextus Empiricus que par rapport à ses racines platoniciennes ? Comment ignorer le fait que les arguments de Carnéade n'étaient pas formulés propria persona, mais dans un processus dialectique anti-stoïcien ? Et que dire de tous les textes qui, notamment sur la question du plaisir, ne correspondent pas à son analyse ? Et pour terminer, le fait que Villemin cite pour l'essentiel le témoignage cicéronien, pose le problème des différences sémantiques entre le latin et le grec.