La déréglementation du transport aérien, entrée en vigueur en 1978, et l'optimisation des voies aériennes ont eu un effet des plus avantageux sur les voyages à l'étranger, y compris sur ceux en provenance ou à destination du Canada, pays du G8 qui connaît l'une des plus fortes croissances de la population.1 Des millions de touristes provenant de pays outre-mer visitent le Canada chaque année. Par ailleurs, plus de 20% de la population canadienne (presque 7 millions de personnes) est née à l'étranger, et au moins 50% des nouveaux immigrants arrivent de régions tropicales. De plus, les immigrants récents peuvent retourner dans leur pays d'origine et en revenir.
2,3Il est possible que des voyageurs visitent des pays en voie de développement, dans des régions tropicales ou subtropicales, et soient ainsi exposés à des maladies infectieuses, non endémiques au Canada (ex.: dengue, paludisme, fièvre Chikungunya, fièvre typhoïde, encé-phalite japonaise, choléra, rougeole) ou à d'autres maladies peu fréquentes (tuberculose pharmacosensible, multirésistante, ou ultrarésistante). Ainsi, les voyageurs et les migrants atteints de certaines de ces maladies présentent un risque de transmission aux personnes qui entrent en contact étroit avec eux et aux membres du personnel soignant.4 L'importation de maladies infectieuses au Canada peut se faire par la voie des airs ou des mers, par l'intermédiaire de passagers qui reviennent de régions du monde où peuvent circuler des virus de maladies respiratoires (ex.: virus de la grippe saisonnière de type A ou B), ou encore par des cliniciens peu méfiants, qui peuvent ne pas administrer le traitement approprié.
5,6On peut supposer que la médecine d'urgence au Canada se pratique dans un climat potentiellement souillé de maladies tropicales importées.Le rapport de Meshkat et de ses collègues, inclus dans le présent numéro de la revue, soutient cette prétention.7 Ils ont procédé à une recherche documentaire, ont mené une enquête anonyme en ligne parmi les urgentologues et ont passé en revue les principaux congrès organisés en médecine d'urgence universitaire et les grandes revues médicales afin de cerner les lacunes en matière de connaissances sur des maladies tropicales fréquentes et en matière de traitement. Résultat: ils ont recensé un petit nombre de rapports, qui consistaient presque tous en des exposés de cas rétrospectifs, et un nombre encore plus petit de documents portant sur la médecine d'urgence. Dans l'ensemble, 70% des répondants ont fait état d'une très faible exposition à ce type de maladies durant leur formation et d'un manque d'assurance dans la prise en charge des maladies tropicales, et la plupart (77%) estimaient qu'ils avaient besoin de parfaire leurs connaissances en la matière. Peu (6 cours sur 2038) de séances de formation médicale continue (FMC) portaient sur les maladies tropicales à l'intention des médecins d'urgence au Canada. Bien qu'il ne faille pas s'étonner des résultats, ils sont quelque peu embarrassants et sont perçus comme une mauvaise réponse aux scénario...