“…Alors que la recherche européenne s'est effectivement intéressée aux efforts de territorialisation menés par l'État, les travaux portant sur le continent africain sont longtemps restés dominés par l'idée de « faillite de l'État » et par un regard porté plutôt sur des zones perçues comme échappant au contrôle étatique (Engel & Nugent 2007). Frontières (borders) et zones frontalières (borderlands) africaines sont souvent présentées comme des zones de déterritorialisation (Gupta & Ferguson 1992 : 18) dont les dynamiques contemporaines toucheraient à des enjeux d'exploitation des ressources naturelles, de conflits, de violences, de déplacements forcés, de rébellions ou mouvements terroristes qui ne correspondraient pas aux modes historiques et étatiques d'appréhension du territoire ou de la frontière (Matthies 1977 ;Asiwaju 1985 ;Clapham 1996 ;Mbembe 2005 ;Miles 2015 ; Magrin & Pérouse de Montclos 2018). S'il est vrai que les zones frontalières peuvent poser un certain nombre de difficultés à l'État central ou aux relations interétatiques sur le continent, les frontières africaines sont pourtant parmi les plus stables au monde (Clapham 2001).…”