Dans quelle mesure le capital de mobilité peut-il être considéré comme un capital bourdieusien ? À partir d’une observation participante lors de onze missions avec l’organisation Médecins sans frontières (MSF) et d’une cinquantaine d’entretiens avec ses membres, nous montrons que, chez MSF, les expériences de mobilité sont accumulables, mobilisables, convertibles, dépréciables, transmissibles, et que, si ces expériences ne sont pas toujours mobilisées par ceux qui en disposent pour monter dans la hiérarchie formelle interne, elles leur permettent, en tout cas, de gagner en pouvoir de décision sur leur parcours à venir au sein de l’organisation. À ces divers titres, nous considérons que les expériences de mobilité constituent un capital bourdieusien, qualifié de capital de mobilité, décrivant non pas la part héréditaire ou transmissible du capital, mais au contraire, sa part vivante, celle accumulée au cours de la vie d’un individu, celle issue de ses socialisations successives.