Nous montrons l’apport de la linguistique expérimentale pour une perspective comparative plus fine sur les phrases elliptiques, au-delà des jugements obtenus par l’introspection des linguistes. L’appel à des tâches de jugement d’acceptabilité dans plusieurs langues romanes indique que la contrainte syntaxique de non-enchâssement de l’ellipse verbale ( gapping ) n’est pas stricte ni universelle : certaines langues admettent le gapping enchâssé sous certains types de prédicats (le roumain et l’espagnol), alors que d’autres beaucoup moins (le français). Crucialement, dans toutes ces langues, malgré la variation, l’enchâssement donne lieu à une gradience dans les jugements, en fonction de la classe sémantique des verbes principaux : les non factifs enchâssent mieux que les semi-factifs et les semi-factifs mieux que les vrais factifs.