Cet article étudie la tension entre l'approche généralement holistique des urbanistes et aménagistes face à la question de la durabilité en habitation et l'approche de la modernisation écologique (ME) qui prévaut la plupart du temps dans les programmes d'habitation durable. L'article repose sur une analyse qualitative des mesures ainsi que sur une analyse des discours environnementaux véhiculés par les programmes d'habitation durable du gouvernement fédéral canadien, du gouvernement provincial québécois et de la municipalité de Victoriaville. Les principaux constats sont que les gouvernements fédéral et provincial emploient un discours caractéristique de la ME qui, dans le contexte énergétique et urbain du Québec, ne créé pas des conditions qui permettront de réduire de manière significative l'empreinte environnementale en lien avec l'habitation. La municipalité étudiée adopte une approche plus intégrée en articulant la durabilité au‐delà de l'échelle du bâtiment. Toutefois, en évitant de s'attaquer aux fondements non durables du régime de la construction résidentielle qui est encore largement caractérisé par la construction de nouvelles maisons unifamiliales isolées dans des quartiers de faible densité et dépendants de l'automobile, sous le couvert de la durabilité, les programmes étudiés risquent de renforcer des verrouillages structurels et culturels propres à l'étalement urbain.