L’intervention dans les débats contemporains de la didactique de la littérature peut ainsi se situer à deux niveaux différents : celui des interrogation liées, pour reprendre l’expression de Yves Chevallard (1985), à la «transposition» de «savoirs savants» en un corps de propositions et de pratiques enseignables ; et celui tant du choix du «savoir savant» dont il va s’agir de soumettre les exigences à la logique de l’accessibilité pédagogique, que des justifications attachées au choix de l’un ou l’autre des paradigmes concurrents d’une discipline académique (étant entendu qu’une telle discipline n’est que la somme toujours contestée des groupes de chercheurs qui s’en revendiquent). Dans le premier cas, on postule un objet de savoir indiscuté et préexistant à la didactique, et il revient surtout à cette dernière de le transformer en objet à enseigner et de s’assurer qu’il puisse donner prise à des pratiques effectives dans les classes ; dans le second, on souligne la responsabilité des didacticiens dans la sélection du «savoir savant» de référence, et on restitue les valeurs au nom desquelles un tel choix se justifie.
C’est à ce second niveau que je développerai les réflexions qui suivent, en formulant ce qui me semble être quelques-unes des impasses actuelles de la didactique de la littérature : (i) la pluralité incompatible des «savoirs savants » à disposition des didacticiens, (ii) la notion problématique de «lecture ordinaire» dont on fait souvent le degré zéro indiscuté du rapport à la littérature et (iii) une définition du mode de subjectivation supposé auquel doit conduire la formation littéraire qui pourrait tout aussi bien aujourd’hui, par sa généralité excessive, être pris en charge par des exercices d’argumentation ou des cours d’histoire. A ces trois ordres de problèmes correspondent autant de promesses : la possible intervention critique de la didactique dans l’arène des études littéraires, l’ouverture du savoir enseignable au développement du plaisir de lire et la clarification de la médiation du rapport à soi par la littérature que l’enseignement littéraire est ou serait susceptible d’encourager chez l’élève.