A travers l'analyse des trois rapports produits après l'accident de LNL, l'article revient sur leur rôle dans la production d'un récit dominant des causes de la crise qui insiste sur l'absence de culture du risque ; mais aussi leurs limites, s'agissant notamment de l'absence d'interrogation sur les raisons pour lesquelles les leçons des crises passées ne sont jamais tirées.Toute crise, aujourd'hui, fait l'objet de rapports. Sans être une obligation réglementaire, leur élaboration est devenue une obligation morale et politique à laquelle se plient tant les organisations directement concernées par la crise, que les institutions qui en assurent la supervision. Emanant de commissions parlementaires, d'inspections générales ou des organisations elles-mêmes, ces documents entendent établir les causes de la crise ou en évaluer la gestion. Leur ambition est d'éviter qu'elle ne se reproduise ou, à défaut, qu'elle soit mieux prise en charge ; et, à cet effet, ils formulent des recommandations aux pouvoirs publics.Le contenu de ces rapports a donné lieu à peu de travaux en sciences sociales. Citons ici les