À Alger, les nombreux dysfonctionnements urbains ont poussé les pouvoirs publics à engager dans les années 2000 de profonds changements de leurs modes de production urbaine. Ils ont choisi de recourir à l’expertise d’une ingénierie étrangère pour, d’une part, définir des projets urbains qui rayonneraient à l’échelle internationale, et d’autre part, faire évoluer les structures publiques locales de production urbaine. Selon nombre de chercheurs, le recours aux savoir-faire des professionnels transnationaux de la ville participe à la transposition de « méthodes-types » d’un lieu à un autre, indépendamment du contexte local. Le cas du projet d’aménagement de la baie d’Alger en est un bon exemple : le montage opérationnel revendiqué par les concepteurs transnationaux du projet s’est très vite heurté à des rigidités administratives locales. Des adaptations des mesures proposées par rapport aux exigences des acteurs urbains locaux ont été entreprises et via la construction de consensus lors du passage de la conception à la réalisation du projet. L’objectif de cet article est de renseigner les transformations de la production urbaine algéroise, induites par l’intégration d’acteurs transnationaux, à travers l’analyse du montage et du pilotage du projet d’aménagement de la baie d’Alger.