On peut en évoquer de nombreuses. Les femmes peuvent se sentir loin de l'économie parce qu'elles en redoutent l'hermétisme, comme nous avons pu le constater, Ruth Rose 15 et moi, dans le cadre d'une formation sur la théorie économique à l'intention de militantes féministes 16 , que nous avons donnée de 2004 à 2006. S'observait aussi une certaine incompréhension de la part de ces militantes de ce qu'est le contenu de cette discipline (cela dépasse largement le cas des femmes et est fort compréhensible, vu la manière dont cette dernière est souvent présentée sur la place publique), ce qui pourrait peut-être partiellement expliquer la distance qu'elles disaient éprouver face à l'économie : cette dernière leur paraissait beaucoup plus être une affaire de chiffres, d'argent ou de comptes à faire balancer, qu'une science portant sur les questions touchant leurs préoccupations quotidiennes, tournées vers les enjeux de travail et d'emploi, de distribution des revenus et d'équité salariale, d'articulation emploi-famille-études et autres, de politiques publiques, de pauvreté, de précarité, de justice ou encore de sécurité économique, par exemple.Nombreuses et nombreux sont aussi les économistes féministes à pointer, pour expliquer le manque d'attrait que recèle cette discipline pour les étudiantes, le fait que l'approche néoclassique soit devenue, de façon prédominante, synonyme de formalisme Développer l'économie féministe Revue Interventions économiques, 67 | 2022