Le xiiie siècle constitue à la fois un moment d’évolution de la conception de l’au‑delà, dans laquelle le Purgatoire prend davantage d’importance, d’aboutissement d’un processus d’unification liturgique et de développement de monuments funéraires individualisés. Ce contexte a favorisé l’apparition et la diffusion de représentations peintes ou sculptées des rites accompagnant l’agonie et la mort sur les tombeaux des membres de l’élite laïque et religieuse, avec une iconographie relativement standardisée et une polarisation sur quelques motifs, en particulier l’absoute et l’elevatio animae, qui marquent le passage du monde des vivants à celui des morts. L’article interroge les raisons et les enjeux de cette sélectivité des images, à partir d’un corpus de tombeaux français, italiens et espagnols des xiiie et xive siècles. Il met par ailleurs en lumière des influences à double sens entre l’art funéraire et l’iconographie hagiographique, qui révèlent ainsi combien la frontière entre le saint et le défunt prestigieux est poreuse au Moyen Âge.