Je souhaite dans cet article mettre l'accent sur une idée qui, me semble-t-il, est insuffisamment discutée dans le débat consacré au sexe de l'enquêteur et aux rapports de genre. Cette idée est la suivante : quel que soit son sexe, l'anthropologue peut jouer, pour avoir accès à l'information, non pas tant de son statut masculin ou féminin, que des attributs locaux de la masculinité et de la féminité. Car comme en témoigne la littérature anthropologique, c'est l'ensemble des relations sociales, l'ensemble de l'univers qui est façonné par le genre. Un espace peut être connoté masculin ou féminin indépendamment des hommes ou des femmes qui l'occupent à un moment ou à un autre. Une relation, quel que soit le sexe des individus, peut être analysée en termes de genre. En outre, l'opposition et la complémentarité entre les sexes vont au-delà de leur statut respectif (féminin/masculin) et n'empêchent pas leurs attributs propres de se croiser et recroiser sans cesse. Ce qui qualifie 1 Clin d'oeil à deux ouvrages : L'un et l'autre sexe, de Mead, Un ethnologue au Maroc, de Rabinow. Le premier s'intéresse à la question de la différence des sexes, le second relate l'expérience de terrain de l'auteur au Maroc.