Un des romans africains les plus originaux de ces dernières années est le fait d'un estimé oulipien, Jacques Jouet. Connu surtout pour ses contributions poétiques et romanesques à l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo) dont il est membre depuis 1983, pour ses activités de dramaturge, ainsi que pour sa participation à l'émission Les papous dans la tête sur France culture, Jacques Jouet est un auteur à la fois prolifique et polygraphe 1. Warren Motte (2001 : 45) décrit Jouet comme « un expérimentaliste dans le sens le plus noble du terme », c'est-à-dire, comme un auteur dont le travail est toujours renouvelé, chaque livre étant véritablement un « nouveau » livre, et chacun étant « le produit d'une imagination littéraire animée par une intelligence lucide et ludique ». Pour son douzième roman publié chez P.O.L., c'est une histoire et une culture africaines que Jouet expérimente, sous le titre lapidaire de Bodo. J. Jouet n'est certes pas le seul romancier français à (re)prendre l'Afrique comme sujet ces dernières années : la première décennie du XXI e siècle a vu la parution d'excellents récits de genres différents puisant dans une « matière » coloniale et postcoloniale, et qui ont contribué à renouveler la représentation de l'Histoire et des histoires africaines dans la littérature française contemporaine. Je pense en particulier aux textes de