Les technologies émergentes – parfois qualifiées de nouvelles technologies ou technologies innovantes – peuvent être définies sur la base de quatre caractéristiques : un caractère novateur, des usages peu clairs, des limites qui en ralentissent l’application et une promesse de transformation du contexte économique et social dans lequel elles sont introduites (Loup-Escande, 2021). Le caractère émergent de ces technologies questionne l’ergonomie de conception à travers deux difficultés majeures. La première, liée au paradoxe de l’ergonomie de conception, correspond à l’absence de recommandations ergonomiques du fait de manque d’usages et de précédents. La seconde difficulté concerne la complexité intrinsèque à ces technologies émergentes et à l’interaction de l’utilisateur avec ces dernières questionnant au moins quatre dimensions ergonomiques : l’utilité, l’utilisabilité, l’expérience utilisateur et l’acceptabilité. En effet, ces technologies sont caractérisées par des fonctionnalités relativement novatrices (Loup-Escande et al., 2013) et des interfaces souvent très innovantes suggérant parfois des problèmes d’utilisabilité (Chaniaud, 2020) voire d’expérience utilisateur (Tcha-Tokey, 2018) ayant des conséquences en termes d’acceptabilité (Sagnier, 2019). Ce concept d’acceptabilité a été abordé dans la littérature au travers de différentes acceptions : l’acceptabilité sociale, l’acceptabilité pratique et l’acceptabilité située, et des relations avec les dimensions connexes précitées ont été identifiées (Sagnier et al., 2019). Par ailleurs, l’ergonomie de conception mobilise trois approches méthodologiques : l’approche expérimentale héritée du courant Human Factors, l’approche écologique issue de l’ergonomie de l’activité et l’approche prospective qui consiste à anticiper les futurs besoins, usages et comportements en vue de créer des systèmes qui soient adaptés aux utilisateurs (Loup-Escande et al., 2021).