Résumé Dans chaque pays, en raison des caractéristiques des négociations salariales et du fonctionnement du marché du travail, il existe un niveau de chômage d'équilibre, en deçà duquel apparaissent des hausses de salaires excessives, donc une hausse de l'inflation. Deux approches rivales ont été développées pour définir et évaluer le taux de chômage d'équilibre. Selon la courbe de Phillips, d'inspiration empirique et macroéconomique, le taux de chômage d'équilibre de long terme (le NAIRUj n'est influencé que par l'évolution tendancielle de la productivité du travail ; il est relativement stable ; la politique économique ne peut guère le faire diminuer. Le ralentissement de la productivité explique une part importante de la hausse des taux de chômage d'équilibre en Europe ; cependant, ceux-ci sont actuellement nettement inférieurs aux taux de chômage effectif. Selon les « nouvelles théories du chômage », d'inspiration microéconomique et théorique, le taux de chômage d'équilibre, obtenu par l'intersection des courbes WS et PS, dépend de toutes les variables qui jouent sur la formation des prix et des salaires (taux de cotisations sociales, termes de l'échange, taux d'intérêt, salaire minimum, poids des syndicats, taux des prestations chômage, etc.) ; il est donc influencé par la politique économique et varie au cours du temps ; le taux de chômage effectif reste toujours proche du taux de chômage d'équilibre. Toutefois, l'existence et les déterminants d'un salaire réel cible postulé par cette approche posent de délicats problèmes théoriques et empiriques. Au vu d'un survol des travaux empiriques existants et de nos propres estimations, la robustesse des « nouvelles approches » n'est pas établie. Le cadre d'analyse associé à la courbe de Phillips traditionnelle nous paraît conserver toute sa pertinence.